Embrasser laisse des traces…

Embrasser laisse des traces…

« Aimer c’est partager » disait Martin Gray et s’il est parfois difficile d’exprimer avec des mots nos sentiments, embrasser lève toute ambiguïté. Et d’après un groupe de chercheur.e.s slovaques c’est même vérifié ! En effet ceux-ci ont découvert que l’on pouvait retrouver des traces de salive d’une personne nous ayant embrassée jusqu’à à 60 min après un baiser « intense ». Le détail de leur étude baptisée « Prevalence and persistence of male DNA identified in mixed saliva samples after intense kissing » soit « forte persistence d’ADN masculin identifiée dans des échantillons de mélange de salive après un baiser intense » a été publié dans le journal « Forensic science international : genetics » (Kamodyová et al., 2013).

Malheureusement le cadre et les applications de cette étude, on s’en passerait bien, bien que les conclusions permettent d’espérer une justice plus efficace pour condamner les viols. En effet, lors d’un viol, la victime peut être amenée à embrasser de force son agresseur. Aujourd’hui un trop grand nombre d’entre eux échappent à la justice fautes de preuve les accablant. Néanmoins, grâce à cette étude, des preuves ADN pourraient être récolté jusqu’à 1h après l’agression via des échantillons de salive.

L’ADN c’est une molécule qui contient toute l’information génétique de chacun d’entre nous. Il est contenu dans le noyau de nos cellules et est propre à chaque personne. La salive qui n’est qu’un liquide ne contient pas de cellules vivantes mais elle contient des cellules mortes, issues du renouvellement des nos cellules buccales notamment. C’est dans ces cellules mortes, transportées par le liquide salivaire que l’on pourra trouver des molécules d’ADN.

Alors comment les chercheur.e.s ont-ils procéder ? Si les applications répondent à des besoins sociétaux, judiciaires pour des actes honteux, le protocole lui est quand même beaucoup plus plaisant. Les chercheur.e.s ont demandé à 24 cobayes volontaires (12 paires) de s’adonner à une embrassade intense pendant au moins 2min afin d’optimiser au maximum l’échange de salive entre les deux bouches. Galochez vous intensément, c’est pour la science !

Ces 12 couples étaient des couples hétérosexuels, ce qui a son importance car une différence génétique majeure entre un homme et une femme est la paire de chromosomes sexuels. On compte 2 chromosomes X chez les femmes contre un X et un Y chez les hommes. C’est justement ce chromosome Y qui était recherché par l’équipe scientifique.

Il a ensuite été demandé aux dames de procéder à des prélèvements salivaires juste après l’embrassade, puis 5, 10, 30 et 60 min après. Grâce à une méthode appelée qPCR (quantitative Polymerase Chain Reaction) qui permet de multiplier une séquence ADN connue afin de la rendre détectable, les échantillons ont pu être analysés.

Les résultats montrent que notamment pour le gène DYS14 que l’on retrouve sur le chromosome Y, celui-ci est détectable près d’une heure après l’échange de salive. La valeur Ct corresponds au nombre de cycle nécessaire pour multiplier la séquence recherchée et donc la détecter (fig 1). Si au cours du temps ce nombre de cycle augmente (certainement du fait de la diminution de la présence de salive de monsieur…), la séquence recherchée n’en reste pas moins détectable, trahissant donc la présence d’ADN masculin dans les échantillons de salive féminins.

Fig 1 : Valeur Ct moyenne de l’ADN masculin provenant de la salive féminine collectée juste après un baiser après 1, 5, 10, 30 et 60 minutes. Données pour le gène DYS-14 amplifié via qPCR.

On dira ce qu’on veut, il y a quand même des expériences plutôt sympas à réaliser, d’autant que dans ce cas, les applications sont primordiales pour de nombreu.x.ses victimes d’agressions sexuelles. Alors oui les chercheur.e.s et surtout les cobayes se sont fait plaisir mais c’est pour la bonne cause La science démontre ici que des échantillons de salives récoltés après une agression peuvent apporter des preuves génétiques sur l’identité de l’agresseur. Il suffit ensuite de comparer les ADN avec la personne suspecte afin de pouvoir la confondre. Un petit point disons douteux dans la conclusion de l’article « Our data clearly indicate the possibility of using saliva as a source of evidence of sexual harassment, infidelity, rape or other kinds of sexual assaults in cases when a biological sample can be collected within a short time after the act.” Que l’on pourrait traduire par “nos données indiquent clairement la possibilité d’utiliser la salive comme une preuve de harcèlement sexeul, d’infidélité, de viol ou tout autre cas d’agression sexuelle dans les cas où un échantillon biologique peut être collecté peu après l’acte ». La notion d’infidélité qui selon les cultures et opinions de chacun peut être moralement accepté ou non, cela ne constitue pas un acte d’agression quelconque. Utiliser ces techniques dans ce contexte-là n’aurait aucun sens d’un point de vue législatif, en tout cas dans un pays libre

Quand vos embrassades sont consenties sachez en tout cas, qu’au-delà de la symbolique amoureuse du geste, il vous restera toujours un peu d’amour jusqu’à une heure après votre baiser ;).